


Explorer le territoire
Milieu physique
Situé dans la province naturelle des Appalaches, le territoire du corridor naturel s’insère dans le prolongement naturel du Parc national du Mont-Orford. Du lac Miller jusqu’au Parc national du Mont-Orford, le territoire est caractérisé par des montagnes et des lacs dont les lacs Brompton, Larouche, Brais, Miller, Fraser et Stukely ainsi que quelques autres lacs de plus petites superficies. La forme longue et mince de certains lacs tels que le lac Bowker, est le résultat de l’érosion glaciaire provenant de la dernière période glaciaire il y a environ 10,000 ans.
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Au centre du territoire, dans l’axe nord-sud, on note la présence d’une zone d’escarpements bordée de chaque côté par des terrains onduleux. Ces escarpements correspondent à de profondes cassures d’un super-continent en îlots continentaux, il y a environ 600 millions d’années, créant ainsi de grands fossés. On assiste alors à un nouveau cycle d’ouverture et de fermeture d’un océan, celui de l’océan Iapétus. Dans notre corridor naturel, la limite entre le continent affaissé et le fonds océanique Iapétus peut être suivi depuis Mansonville en Estrie jusqu’à Port-Daniel en Gaspésie. Cette limite géologique est la plus importante faille du territoire et porte le nom de « ligne Brompton-Baie-Verte ».

De 560 à 540 million d’années, des roches sédimentaires et volcaniques se déposent dans le fossé situé le plus près de la masse continentale de l’Amérique du Nord. Ce fossé traverse le corridor naturel de la rivière au Saumon. On peut y voir les vestiges dans le secteur s’étendant de Richmond à Sutton en Estrie. Curieusement, les géologues ont constaté que le paysage ressemble à celui de Djibouti en Éthiopie, à l’extrémité nord-est du continent africain!
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Entre 500 et 450 millions d’années, le mouvement des plaques continentales s’inversent: c’est la fermeture partielle de l’océan Iapétus. Lors de la fermeture de cet océan, une partie du fond océanique s’est retrouvée coincé entre deux plaques continentales, donnant ainsi naissance à la chaîne des montagnes appalachiennes. Le mont Orford est un des vestiges du fond océanique disparu.
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Géomorphologie
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Le fond de l’océan Iapétus est responsable de la mise en place d’une bande de roches métamorphiques, l’ardoise, que l’on retrouve le long de la ligne Brompton-Baie-Verte. Cette bande d’ardoise traverse le bassin versant de la rivière au Saumon dans son axe nord-sud. L’ardoise fut populaire dans la région et exploitée à la fin du 19e siècle dans les municipalités du Canton de Melbourne, de Rockland et de Kingsbury. Elle a été exportée dans plusieurs régions du Québec jusqu’en 1912 et elle a servi, entre autres, à recouvrir les toitures de bâtiments.
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Le long de cette bande d’ardoise, on constate la présence d’affleurements de serpentine issus également du fonds de l’océan Lapétus. Ces affleurements confèrent au milieu naturel un intérêt particulier. La serpentine est une roche métamorphique qui contient des concentrations élevées de métaux toxiques pour la flore, tels que le magnésium, le cobalt, le nickel et le fer. Par contre, ses concentrations en éléments nutritifs recherchés par les plantes, tels que le calcium, le potassium, l’azote et le silicium, sont pauvres. Cette absence d’éléments nutritifs favorise la croissance d’espèces végétales spécifiques aux affleurements de serpentine. Ces espèces floristiques particulières sont rares dans la région de l’Estrie, au Québec et sur le plan mondial, car cette formation rocheuse totalise moins de 1% de la surface de la Terre.


Biodiversité
La grande diversité des milieux naturels favorise la présence de nombreuses espèces fauniques et floristiques dont plusieurs d’entre elles sont menacées, vulnérables ou rares. Des inventaires effectués sur l’ensemble du territoire et sur des propriétés ciblées nous ont permis de recenser des espèces à statut précaire et de proposer des solutions quant à leur protection.
Notre milieu forestier
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Les peuplements du bassin versant de la rivière au Saumon sont typiques de la zone bioclimatique du domaine de l’érablière à tilleul qui compose en partie la zone végétale tempérée nordique. Ainsi, les peuplements forestiers sont majoritairement dominés par des érablières associées à des feuillus, tels que le caryer cordiforme, le noyer cendré, le chêne rouge et l’ostryer de Virginie ou des résineux. Ceux-ci varient selon différents facteurs, tels que la topographie, le drainage, la géologie des sols et le micro-climat local. Par exemple, le long de la rivière au Saumon on retrouve un milieu forestier caractérisé par de l’érable à sucre et du bouleau jaune accompagnés par du hêtre à grandes feuilles, du noyer cendré, de l’ostryer de Virginie, du frêne blanc d’Amérique, du chêne rouge et du cerisier tardif. Sur les affleurements rocheux secs et dénudés d’un sol riche en humus, on retrouve des prucheraies, des pinèdes rouges et des pins blancs.
Les milieux humides quant à eux, sont souvent colonisés par l’épinette noir, le mélèze laricin, l’érable rouge et le thuya occidental. On peut observer dans des secteurs en régénération, la présence de peupliers, de bouleaux blancs et d’épinettes blanches et rouges. Ces espèces arborescentes sont accompagnées d’arbustes, tels que l’aulne rugueux, le myrique baumier, le kalmia à feuille étroite et la spirée à larges feuilles.
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On retrouve sur le territoire du bassin versant de la rivière au Saumon, douze écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE), soit une forêt ancienne, cinq forêts rares et six forêts refuges. Les forêts anciennes sont caractérisées par la présence d’arbres qui ont largement dépassé l’âge de la maturité ou qui ont été peu touchés par des activités humaines. Les forêts rares ont une composition particulière en espèces végétales. Elles peuvent également être rares à cause de leur structure ou de leur localisation. On pense ici à des pinèdes rouges à l’état naturel localisées sur des affleurements de serpentine. La majorité de ces écosystèmes forestiers rares sont disparus sous l’effet des activités anthropiques. Finalement, les forêts refuges sont les forêts où l’on retrouve des espèces floristiques rares, menacées, vulnérables ou susceptibles de l’être.
Notre flore
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Les peuplements de cette zone bioclimatique sont accompagnés par des espèces herbacées typiques des forêts décidues du Québec méridional. Dans les érablières riches ainsi que dans les boisés frais et à l’ombre, les espèces retrouvées le plus souvent sont la sanguinaire du Canada, l’oxalide de montagne, le coptide du Groenland, le caulophylle faux-pigamon, le cornouiller du Canada, le maïanthème du Canada, la streptope rose, l’érythrone d’Amérique et le trille dressé.
C’est dans les milieux humides que l’on retrouve la plus grande diversité de plantes herbacées, c'est-à-dire une abondance d’espèces de carex, de graminées, de fougères et d’autres plantes adaptées pour vivre dans ou près de l’eau.
Les sous-bois de notre territoire recèlent une grande quantité de petites plantes indigènes, de mousses, de lichens et de champignons sauvages. Ainsi, la mixité de notre milieu forestier composé à la fois de feuillus mélangés et de résineux favorise la croissance de champignons de toutes sortes. Ainsi, on peut y découvrir plusieurs espèces de bolets, de chanterelles, d’amanites, de pleurotes et de russules.
Notre faune
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Mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens sont tous présents en grand nombre dans le corridor naturel du bassin versant de la rivière au Saumon. Plus d’une trentaine de mammifères y sont représentés et circulent dans la vallée du ruisseau Gulf et la vallée de la rivière au Saumon, des zones forestières peu fragmentées du territoire. Parmi ceux-ci, on retrouve l'ours noir, l'orignal et le cerf de Virginie. D’autres espèces plus rares comme le pékan, le vison et le lynx roux profitent de ces grandes superficies forestières pour y trouver abri, refuge et nourriture. Une promenade en forêt permet de déceler la présence du renard roux, du rat musqué, du castor, du porc-épic, du lièvre d’Amérique et de plusieurs petits mammifères.
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La faune aviaire présente dans cette importante aire naturelle s’ajoute aux nombreuses espèces de mammifères. Plus de 190 espèces d’oiseaux ont été observées dans les limites du bassin versant de la rivière au Saumon. La diversité du milieu forestier ainsi que la présence de zones agricoles et de milieux humides sur le territoire procurent aux différentes espèces aviaires les conditions nécessaires pour nicher, se réfugier et se nourrir. Des inventaires ont confirmé la présence de soixante espèces d’oiseaux nicheurs sur le territoire. Parmi celles-ci, on retrouve, entre autres, le faucon pèlerin, l’épervier de Cooper, le grand-duc d’Amérique, le grand pic, le tangara écarlate, le busard Saint-Martin, la gélinotte huppée et la petite nyctale.
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Les amphibiens et les reptiles occupent également une place de choix dans les milieux humides ou à proximité de ceux-ci. Plus de 20 espèces y ont été inventoriées dont 16 amphibiens (grenouilles et salamandres) et 6 reptiles (couleuvres et tortues). Les anoures, telles que la grenouille verte, le ouaouaron et le crapaud d’Amérique, sont les amphibiens les plus faciles à déceler. Ils se font remarquer par leur chant au cours du printemps et de l’été. Les salamandres, quant à elles, sont plutôt discrètes: elles sont bien cachées sous des pierres, des bûches en décomposition ou le long des ruisseaux. On pense ici à la salamandre maculée, la salamandre à deux-lignes ou le triton vert. En ce qui concerne les reptiles, la tortue des bois, la tortue peinte et la tortue serpentine peuvent être observées dans les milieux humides et dans certains lacs. Sous les nombreuses roches ou troncs d’arbres du milieu forestier, vous pouvez observer la couleuvre rayée, la couleuvre à ventre rouge et la couleuvre à collier.
Nos espèces à statut précaire
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Le bassin versant de la rivière au Saumon est caractérisé par un milieu forestier peu fragmenté. Plusieurs espèces rares, menacées ou vulnérables y ont été identifiées lors des inventaires. La présence de ces espèces fauniques et floristiques est indicatrice de la qualité des habitats forestiers et aquatiques du territoire.
Selon la Loi sur les espèces menacées et vulnérables au Québec et selon le Comité sur les espèces en péril au Canada (COSEPAC), des espèces fauniques et floristiques sont en déclin au niveau régional, provincial ou national. Elles nécessitent une attention particulière. Le pygargue à tête blanche, le faucon pèlerin et la buse à épaulettes sont trois rapaces dont le statut est précaire. La grenouille des marais, la salamandre pourpre, la salamandre sombre du Nord et la tortue des bois font partie des espèces d’amphibiens et de reptiles pour lesquelles des mesures de conservation doivent être considérées. Leur présence dans certains cours d’eau du territoire est un excellent indicateur de la qualité du milieu aquatique. Enfin, parmi les mammifères, le lynx roux est une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable par le Québec.
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Parmi les espèces floristiques rares et à statut précaire, mentionnons l’adiante des montagnes vertes, une fougère typique des affleurements de serpentine, ainsi que l’ail des bois, le ginseng à cinq folioles, le carex de Bailey et le trille blanc.






